Étude réalisée entre septembre 2022 et décembre 2022 par un collectif d’étudiant·e·s de l’ICART, l’école du management culturel et du marché de l’art, en MBA Spécialisé Ingénierie Culturelle et Management.
Notre objectif :
Sonder le degré de sensibilisation des étudiant·e·s et professionnel·le·s de la culture aux enjeux climatiques et énergétiques.
Une précédente étude, publiée en février 2021, avait montré un réel manque de connaissances et de formation des étudiant·e·s et professionnel·le·s de la culture à ces enjeux. Elle avait par ailleurs montré une volonté, chez les sondé·e·s, de formation RSE.
Cette année, nous renouvelons l’étude dans l’objectif d’actualiser nos résultats et de constater les éventuelles évolutions du secteur dans leur transition énergétique.
Deux sondages distincts ont été administrés de façon complètement anonyme :
- Le premier auprès d’un échantillon d’étudiant·e·s en formation dans des fillères d’enseignement supérieur de la culture.
- Le second auprés d’un échantillon de professionnel·le·s de la culture
Au total, nous avons interrogé 311 professionnel·l·e·s et étudiant·e·s du secteur culturel.
Présentation de l’échantillon
Les sondé·e·s exercent (ou exerceront prochainement), en ordre décroissant, dans les domaines des arts plastiques (marché de l’art, musée, patrimoine, architecture), de l’audiovisuel (cinéma, vidéo), du spectacle vivant (danse, cirque, théâtre) et de la musique (live, festival, musique enregistrée). Ils sont suivis de
près des arts numériques (jeux vidéo), puis, des politiques culturelles, et enfin, de l’édition (livres).
SECTEURS D’ACTIVITÉ DES INTERROGÉ·E·S
RÉPARTITION DE L’ÂGE DES INTERROGÉ·E·S
Concernant l’âge de nos sondé·e·s, les étudiant·e·s ont majoritairement entre 18 et 25 ans. Les professionnel·le·s interrogé·e·s ont, quant à elleux, majoritairement entre 26 et 35 ans.
L’évaluation des connaissances de notre échantillon
Cette partie du sondage a pour objectif d’évaluer le degré de sensibilisation des étudiant·e·s et professionnel·le·s de la culture aux enjeux climatiques et énergétiques. Il se compose de questions de connaissances générales sur l’environnement et le climat. En voici les résultats :
PENSEZ-VOUS QUE LE TRI DES DÉCHETS A UN IMPACT SIGNIFICATIF SUR LE CLIMAT ?
Plus de 70 % des professionnel·le·s et étudiant·e·s interrogé·e·s pensent que le tri des déchets a un impact significatif sur le climat. Il s’agit de la plus importante idée reçue à briser !
Nous avons ensuite demandé aux professionnel·le·s de la culture s’iels avaient mis en place, au sein de leur organisation, des mesures en faveur de la transition écologique. Parmi la petite moitié ayant répondu “oui”, voici les mesures qui sont revenues le plus souvent :
1 – L’utilisation de matériaux recyclés (dont informatique) / réemploi /seconde main
2 – Le tri des déchets
3 – Le transport (privilégier le train pour des déplacements par exemple)
4 – Anti-gaspillage (alimentaire)
5 – Limitation de plastique
AVEZ-VOUS MIS EN PLACE DES MESURES QUI RÉPONDENT À CES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX AU SEIN DE VOTRE ORGANISATION ?
Notre étude montre que le tri des déchets est l’une des principales mesures adoptée par les institutions culturelles lorsqu’elles décident d’entamer une transition écologique. Toutefois, cette mesure n’a pas un impact significatif sur la biodiversité car un déchet, en lui-même, ne coûte quasiment rien en carbone, à condition qu’il ne soit pas recyclé (refonte de la matière, transport, etc).
Selon le rapport Décarbonons la Culture ! (2021) du Shift Projet, le tri des déchets ne représenterait en réalité qu’entre 0,5 et 1 % du bilan carbone des établissements / événements culturels. Concentrer ses efforts majoritairement sur 0,5 % de son bilan semble ainsi être une fausse bonne idée. Le tri des déchets peut cependant limiter la pollution des eaux et des sols, qui endommagent la biodiversité.
QUEL EST, SELON VOUS, LE MODE DE TRANSPORT LE PLUS POLLUANT POUR UNE MÊME DISTANCE (IMPACT CO2) ?
À la question, “Quel est, selon vous, le mode de transport le plus polluant pour une même distance (en impact CO ) ?”, l’immense majorité des professionnel·le·s et des étudiant·e·s de la culture sait que l’avion est le mode de transport le plus polluant sur une même distance (en émissions de CO ).
SELON VOUS, LEQUEL DE CES PARAMÈTRES À L’IMPACT LE PLUS IMPORTANT (EN CO ) À L’ANNÉE, À L’ÉCHELLE D’UN MUSÉE ?
Concernant les éléments décisifs du bilan carbone d’un musée en France, 50 % des professionnel·le·s interrogé·e·s savent que le déplacement du public est responsable de l’immense majorité des émissions de CO à l’année. Une donnée moins connue des étudiant·e·s : 35 % ont répondu “le déplacement des œuvres pour les expositions temporaires”.
Culture et impact environnemental
Cette partie du sondage avait pour objectif de sonder l’engagement de nos (futur·e·s) professionnel·le·s en faveur de la transition écologique dans leur (future) vie professionnelle. Elle avait également pour but d’interroger leur éventuelle volonté à s’engager davantage, et même, à être formé·e·s aux enjeux énergie-climat dans leur secteur.
PENSEZ VOUS QUE LE SECTEUR CULTUREL A UN IMPACT SUR LE CLIMAT ?
La grande majorité de nos sondé·e·s, qu’iels soient étudiant·e·s ou professionnel·le·s, pense que le secteur culturel a un impact sur l’accélération du réchauffement climatique.
D’ailleurs, 29,6 % de l’ensemble des professionnel·le·s sondé·e·s ont un·e ou plusieurs chargé·e·s de RSE dans leur entreprise. De plus, qu’iels aient ou non un·e chargé·e des sujets environnementaux, iels sont 28,9 % à affirmer avoir un budget dédié aux actions environnementales.
IL Y A-T-IL UN PÔLE RSE DANS VOTRE ORGANISATION OU UN·E RESPONSABLE IDENTIFIÉ·E CHARGÉ·E
DES SUJETS ENVIRONNEMENTAUX ?
AVEZ-VOUS UN BUDGET DÉDIÉ AUX ACTIONS ENVIRONNEMENTALES ?
VOUS SEMBLE T-IL NÉCESSAIRE DE RECRUTER QUELQU’UN À UN POSTE DÉDIÉ AUX ENJEUX ÉNERGIE-CLIMAT ?
60,4 % des interrogé·e·s considèrent qu’il est nécessaire de recruter quelqu’un à un poste dédié aux enjeux énergie-climat.(1)
Nos sondé·e·s ont-iels été formé·e·s aux enjeux climatiques et énergétiques dans la culture ?
Lorsque l’on demande à nos sondé·e·s de définir le sigle RSE, nous constatons que seulement 13,9 % des étudiant·e·s et 20,3 % des professionnel·le·s ont répondu « Responsabilité Sociétale d’une Entreprise ».
SELON VOUS, QUE SIGNIFIE RSE?
AVEZ-VOUS REÇU OU ALLEZ-VOUS RECEVOIR UNE FORMATION « RSE » ?
Par ailleurs, seulement 16,1 % des étudiant·e·s interrogé·e·s affirment avoir reçu une formation aux enjeux “RSE” au cours de leurs études ou pendant une expérience professionnelle. Du côté des professionnel.le.s, iels sont 21,4 % à avoir été formé·e·s, en formation initiale ou continue.
SI NON, AIMERIEZ-VOUS ÊTRE SENSIBILISÉ À CES ENJEUX ?
Parmi les sondé·e·s n’ayant jamais reçu de formation aux enjeux RSE, une majorité d’entre elleux aurait voulu être sensibilisée à ces enjeux.
42,2 % des professionnel·le·s affirment que la connaissance des enjeux énergie-climat joue un rôle important dans leurs recrutements actuels. Pour 43,8 % des étudiant·e·s sondé·e·s, la prise en compte des enjeux climatiques est un critère dans leur recherche de stage et/ou leur future recherche d’emploi. Les attentes des recruteur·ice·s semblent rencontrer celles des futur·e·s recruté·e·s !
LA CONNAISSANCE DES ENJEUX ÉNERGIE-CLIMAT EST-ELLE IMPORTANTE POUR VOUS DANS VOS RECRUTEMENTS ACTUELS ?
LA PRISE EN COMPTE DES ENJEUX CLIMATIQUES EST-ELLE UN CRITÈRE DANS VOTRE RECHERCHE DE STAGE ET / OU FUTURE RECHERCHE D’EMPLOI ?
Point d’attention quant à ces données
Les données que nous avons recueillies sont purement déclaratives. Elles se basent principalement sur les connaissances et le ressenti de nos interrogé·e·s vis-à-vis de l’urgence climatique et de leur future vie professionnelle.
Conclusion
Les propositions d’aide au changement sont propres à la bibliographie et aux références du collectif Réveil Culture. Elles sont loin d’être complètes, nous en sommes conscient.e.s
Les résultats de notre étude posent un constat clair : en janvier 2023, il y a toujours un cruel manque d’information et de formation des professionnel·le·s et futur·e·s professionnel·le·s de la culture aux enjeux environnementaux et climatiques. Près de la moitié des sondé·e·s ne peut pas définir le terme “RSE” et
81,2 % n’y ont pas encore été formé·e·s.
Pourtant, la dernière partie de notre sondage semble indiquer une légère amélioration. L’étude de 2021 avait en effet révélé que 88 % des sondé·e·s n’étaient pas formé·e·s aux enjeux RSE. En 2023, 18,8 % de notre échantillon (professionnel·le·s et étudiant·e·s confondu·e·s) a reçu (ou est en cours de) une
formation. On constate ainsi une augmentation de près de 7 pourcents en deux ans.
Lors de notre première étude, en février 2021, nous avions déjà constaté un manque général de connaissances des questions environnementales. Les enjeux climatiques ne semblent pas mieux compris. Sur des sujets précis (et capitaux) comme celui des transports, les résultats de notre sondage sont cependant très encourageants. Le rôle central de l’avion, et du transport des publics, dans les
émissions carbone semble connu de (quasiment) tous·t·e·s.
Ce que l’on retiendra :
– Un manque de formation mais une motivation à l’être, aussi bien chez les étudiant·e·s que chez les professionnel·le·s.
– Des connaissances fondamentales peu approfondies.
– Une prise en compte globale et croissante des enjeux climatiques et environnementaux par les professionnel·le·s, notamment dans leurs recrutements.
Dans cet autre article cette fois-ci du mercato emploi, Ombeline Cadiergue insiste sur les moyens avec lesquels recruteurs et recruté·e·s peuvent évoquer la RSE lors d’un entretien d’embauche. Elle y explique aussi dans quelle mesure la RSE est le futur. Temps de lecture estimé 5 min
https://blog.mercato-emploi.com/quel-est-limpact-de-la-rse-sur-vos-recrutements/