Nous sommes Réveil Culture, un collectif créé par des étudiant·e·s de l’enseignement supérieur de la culture.
Ensemble, nous nous sommes donné pour mission, avec nos petits bras et beaucoup d’enthousiasme, de mobiliser les publics, les professionnel·le·s et les étudiant·e·s de la culture pour accélérer la transition écologique du secteur dans lequel nous rêvons de travailler.
Parce que, comme le montre la crise actuelle, la Culture est très exposée aux risques sanitaires et climatiques.
Parce que les scientifiques et les expert·e·s nous annoncent que ces risques augmentent de jour en jour.
Parce que les étudiant·e·s comme les professionnel·le·s de notre secteur veulent imaginer une culture responsable et soutenable.
Parce que la Culture nous manque terriblement et que nous voulons continuer d’émouvoir et de nous émouvoir.
Que vous soyez étudiant·e, artiste, technicien·ne ou public de la culture, l’étude nous concerne tous et toutes !
L’urgence climatique…
Est-il encore nécessaire de le rappeler, toutes nos activités dépendent d’énergies fossiles qui se raréfient et aggravent un problème climatique majeur. Au rythme actuel, nous nous dirigeons vers un monde où la température moyenne sera supérieure d’au moins 4 degrés à celle de la deuxième révolution industrielle d’ici 2100.
Dans un tel contexte, les risques migratoires, alimentaires et sanitaires seraient sans commune mesure avec la crise que nous traversons [1].
Respecter les accords de Paris et limiter le réchauffement climatique à 2°C d’ici 2100 nous apparaît donc d’une urgence absolue, bien que difficilement réalisable. Et même si nous les respections, certains chocs seraient inévitables, y compris sur notre territoire : ainsi, près d’un million de Français·e·s vont être directement concerné·e·s par les montées des eaux d’ici 2050 [2].
… est une urgence culturelle
Que faire ? Pour nos dirigeant·e·s, les secteurs à transformer semblent déjà identifiés. Face aux transports, aux bâtiments, à l’agriculture, au numérique, à l’énergie… l’impact de la culture est souvent considéré comme négligeable.
Et pourtant…
Vous avez dit transports ?
La culture et les loisirs sont la troisième cause de mobilité des Français·es et la moitié des 87 millions de touristes internationaux que nous accueillons visitent notre patrimoine.
Vous avez dit bâtiments ?
Les bâtiments culturels se comptent en dizaines de milliers sur notre territoire : 16 000 lieux de lecture publique, 2000 cinémas, 2100 musées, 440 lieux de spectacle et 500 librairies labellisées par le ministère de la Culture [3].
Vous avez dit agriculture ?
Un festival qui sert 500 000 repas avec de la viande a la même empreinte carbone que 100 Français·es sur une année [4].
Vous avez dit numérique ?
La culture représente environ les deux-tiers du poids des données échangées sur internet [5].
Nous n’avons donc plus le choix : si nous voulons limiter l’impact de ces activités, c’est bien la Culture qu’il va falloir réinventer.
Mais notre secteur n’est pas armé pour faire face à l’urgence.
Nous avons mené une première étude et un sondage en 2020 auprès de plus de 300 acteurs·trices, étudiant·e·s et professionnel·le·s du secteur culturel. La publication des résultats de l’étude avait donné lieu à un événement digital sous la forme d’une table ronde. Cet événement était également l’occasion de débattre sur les enjeux de la transition écologique avec des acteurs·trices influents du secteur.
Retrouvez la retranscription de notre événement « La Fabrique des Possibles » du 15 Février 2021
Notre constat est sans appel.
88% des personnes interrogées ne sont pas formées pour traiter les enjeux climatiques.
Par conséquent, ils·elles engagent trop souvent leur temps, leur énergie et leurs moyens dans des actions qui n’ont pas d’impact sur le climat.
Ainsi, la question environnementale est complètement absente des budgets des différents acteurs culturels étudiés dans 76,2% des cas.
Et pour cause, comment résoudre un problème qui n’a pas été correctement posé ?
La formation nous apparaît donc comme le point de départ de toute stratégie de transition du secteur.
La bonne nouvelle, c’est que 88% des personnes que nous avions interrogées n’attendent que ça ! Un chiffre éloquent qui traduit une véritable volonté de s’engager. Nous cherchons cette année à savoir, notamment, où en est le secteur culturel au niveau de la formation, pour les professionnel·le·s et pour les étudiant·e·s.
À nous de changer de culture
Aujourd’hui, nous relançons Réveil Culture, pour faire un état des lieux en 2023 et continuer de bouger les lignes.
Nous, étudiant·e·s et futur·e·s professionnel·le·s du secteur culturel, espérant participer à culture soutenable et respectueuse du vivant, demandons :
– À ce que les enjeux de l’écologie, de l’énergie et du climat soient intégrés au cursus de toutes les formations de l’enseignement supérieur culturel ;
– À ce que les professionnels·le·s déjà en poste soient formé·e·s à ces enjeux via la formation continue ;
– À ce que les solutions sérieuses soient soutenues par les pouvoirs publics et les institutions qui en dépendent via la mise en place de l’éco-conditionnalité des aides ;
Nous mesurons déjà le coût de notre modèle actuel et avons besoin de perspectives, d’un avenir, d’un cap.
Loin d’un constat fataliste, nous, Réveil Culture, voulons dire une chose : il est temps de changer.
À nous :
– d’éco-concevoir les œuvres ;
– d’allonger les temps de création et d’exposition ;
– de réinventer nos modes de diffusion ;
– de mutualiser nos moyens techniques ;
– de penser et d’amorcer la nécessaire sobriété numérique ;
– de nourrir autrement nos équipes artistiques, administratives, techniques et nos publics;
– de penser des œuvres et des événements qui s’inscrivent pleinement dans leurs territoires ;
– de nous réinventer avec le public et pour le public.
À nous, nous sommes prêt·e·s.
Notes
[1] GIEC. Rapport changement climatique et terre
[3] Chiffres clés de la culture, ministère de la culture
[4] L’empreinte carbone d’un.e français.e est d’envirion 12 tonnes, un repas avec de la viande rouge représente près de 5kgGepCO2.
[5] Rapport du Shift Project. (Juillet 2020)